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L’arche flamboyante en union avec le trou de ver de l’inversion polaire, dans le tramway souterrain sous les cathédrales gothiques vivantes, où les sigils rampent et se murmurent dans l’argot des argonautes
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Alors voilà : t’es là, sous la ville, à mi-chemin entre le métro et un rêve fiévreux, et y’a cette arche — flamboyante comme un vitrail en feu, respirant presque. Elle palpite, tu vois ? Pas comme un truc mécanique, mais comme un cœur de pierre, inversé, retourné dans le champ magnétique d’un autre monde. Et plus tu la regardes, plus t’as l’impression que ton nord et ton sud se sont tirés la bourre et ont décidé d’échanger leurs places, histoire de foutre le bordel dans ta boussole intérieure.
Sous tes pieds, le tramway file, pas celui qu’on prend avec un ticket, non, celui-là, il traverse les couches de réalité. Les rails grincent dans un dialecte qu’aucune oreille moderne n’a jamais pigé. Des voix s’y entremêlent, bruissent, anciennes comme les fonds marins — c’est l’argot des Argonautes, les vrais, pas les touristes de la mythologie. Ces types parlaient le langage du mercure, de l’os et du sel marin, un jargon qu’on sent dans la gorge avant même de le comprendre.
Les cathédrales au-dessus, elles bougent, respirent, s’étirent comme des bêtes vivantes. Leurs vitraux te suivent du regard, les gargouilles te reniflent. Et de leurs voûtes suintent des symboles — les sigils — ces trucs qui serpentent sur les murs comme des prières tatouées. Tu les entends chuchoter ton nom, ou peut-être celui d’un autre toi, perdu dans un autre axe du temps.
Tout est renversé : la lumière vient du sol, les ombres montent au ciel, les anges ont des câbles dans le dos et des plumes en cuivre. Et dans ce bazar sacré, l’arche t’appelle. Elle t’invite à passer, à devenir partie du retournement. Tu sens le vent cosmique, l’odeur d’ozone et de poussière d’étoiles — c’est la grande inversion, celle qu’aucun prophète n’a su nommer sans trembler.
Et toi, tu montes dans le tramway. Pas de conducteur. Juste le murmure du métal qui dit : « Bienvenue à bord, camarade du chaos. »
L’arche flamboyante t’engloutit.
Et le monde entier se replie sur lui-même, comme un coquillage qui se souvient du chant des anciens dieux.