Nostalgie douce-amère

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— Pourquoi c’est plus comme ça, la vie ?
Je me surprends à murmurer ces mots, sans trop savoir à qui je parle.
Peut-être à moi, à l’enfant que j’étais, ou à ce monde d’avant qui semble s’être éteint sans prévenir.

— Parce que tu as vieilli ?
Non… pas seulement.
Ce n’est pas tant le corps qui fatigue, c’est le regard qui s’alourdit.
Avant, tout paraissait vaste, neuf, inépuisable.
Aujourd’hui, tout paraît déjà vu, déjà su.

— Alors, c’est toi qui as changé.
Probablement.
Ou peut-être que le monde a cessé de jouer.
Les rires se sont faits prudents, les gestes pressés, les visages distraits.
Il y avait autrefois une lumière dans les choses simples —
le bruit d’un ballon sur le bitume, une odeur de terre chaude après la pluie.

— Tu crois qu’on peut retrouver ça ?
Je ne sais pas.
Certainement en ralentissant.
En écoutant à nouveau le vent, en regardant sans attendre.
En aimant sans promesse.

— Alors ce n’est pas perdu.
Non…
Ce n’est jamais vraiment perdu.
Il suffit parfois de fermer les yeux,
et d’entendre, quelque part dans la mémoire,
le monde qui riait encore.